Passation de pouvoir à Yankland

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une analyse anarchiste de l’intérieur de la situation politique au sein de l’empire et de la répression à venir

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Les politiciens ont crié “haro” sur le baudet de la prise du capitole américain du 6 janvier 2021 comme étant “hors-la-loi”, “antidémocratique” et “extrémiste”, allant jusqu’à le représenter faussement du terme “d’anarchie”. Le problème de cette prise du capitole ne fut pas qu’elle ait été hors-la-loi ou extrémiste, mais plutôt qu’elle visait à donner le pouvoir à un autocrate, concentrer toujours plus le pouvoir oppresseur en ses mains, ce qui est précisément diamétralement opposé au principe anarchiste. L’action directe, militante et une critique de toute politique électorale demeureront essentielles aux mouvements contre le fascisme1 et la violence d’état. Nous ne devons pas laisser l’extrême droite l’identifier avec la tyrannie, ni laisser le centre et la gauche bobo maintenir la confusion.

Traduit de l’anglais par Résistance 71.


La façon dont le disent les politiciens et les médias du système, il y a presque eu une révolution anarchiste aux Etats-Unis le 6 janvier 2021 lorsque les supporteurs de Trump ont envahi le capitole à Washington D.C ! La députée démocrate Elaine Luria a qualifié les manifestants “d’anarchistes du président”, condamnant les membres du congrès qui ont “soutenu cette anarchie”. Le sénateur républicain loyaliste à Trump Tom Cotton a fait écho disant : “La violence et l’anarchie sont inacceptables !” tandis que Marco Rubio ne peut s’empêcher d’y ajouter sa note racialiste et nationaliste : “Ceci est une anarchie anti-américaine de niveau du tiers-monde.” Pour un double langage orwellien, rien ne peut battre le titre de Fox News: “L’attaque du capitole par des anarchistes anti-américains est un acte terroriste et dessert grandement Trump.”

Ailleurs dans le monde, les titres ont fanfaronné “l’anarchie” qui a éclaté au capitole, les tabloïdes britanniques décriant “Anarchie aux Etats-Unis”.

Désinformation stratégique.

Ajoutant à la confusion, les loyalistes à Trump de l’émission de radio de Rush Limbaugh’s au républicain Matt Gaetz du congrès clamèrent que des “infiltrés antifas” étaient responsables de l’émeute, alors même que les enthousiastes QAnon et des Proud Boys étaient identifiés et arrêtés ou virés pour le rôle qu’ils avaient joué dans la mêlée.

Pour ce qui est des véritables anarchistes, qui se sont opposés à Trump et son agenda dès le premier jour à sévère coût, c’est une cruelle ironie. Dans les derniers soubresauts de son administration, alors que le dernier acte de son ignoble règne unit finalement tout le spectre politique contre lui, ses derniers supporteurs fanatiques sont frappés du sceau d’infamie de ceux qui ont lutté le plus courageusement contre tout ce qu’il représentait.

Rappelez-vous bien ce que nous disons, au bout du compte, les mesures répressives déclenchées par nos profonds ennemis qui ont envahi et saccagé le capitole seront dirigées contre nous. Biden a déjà annoncé qu’il allait donner la priorité à faire passer une loi anti-terrorisme domestique et créer une fonction fédérale “supervisant la lutte contre les extrémistes idéologiquement violemment inspirés.” Depuis le 11 septembre 2001, les priorités principales contre le “terrorisme intérieur” ont réprimé l’activisme pour la Terre et la libération des animaux tout autant que les mouvements anarchistes et antifascistes ; nous pouvons dores et déjà anticiper une nouvelle vague répressive à notre encontre sous le déguisement d’une répression de l’extrême-droite.

Mais cet effort de renommer le trumpisme déviant comme l’anarchie pourrait bien avoir des conséquences encore plus funestes. Le mouvement pour la vie des noirs (Black Lives Matter ou BLM) qui a d’abord émergé de Ferguson en 2014 et a explosé en 2020 avec l’affaire George Floyd, a représenté un grand bond en avant pour les mouvements sociaux. Comme nous l’avons dit l’été dernier, ces manifestations ont réfléchi des idées anarchistes en action en ce qu’elles personnalisaient la décentralisation, l’entraide, la résistance à la suprématie blanche et autre valeurs essentielles. Pendant un court moment, des approches anarchistes pour des changements sociaux se mettaient en branle et étaient suivies, faisant battre en retraite policiers et politiciens de tout bord.

Une répression sauvage contre ces mouvements a en conséquence focalisé sur la diabolisation des anarchistes et des anti-fascistes2, alors qu’une panique fabriquée au sujet des élections a détourné le momentum des luttes basées sur l’action directe vers le fait de voter pour un moindre mal. Maintenant, la colère contre l’invasion du capitole pourrait équiper les politiciens centristes à présenter les approches anarchistes clefs pour un changement social comme étant fadasses, confinant les mouvements dans un réformisme inefficace pour les années à venir.

Alors que le monde repousse Trump et son spectacle autoritaire qui s’effondre, l’extrême-droite paraît être sur la défensive et on se prend à oser espérer que les années à venir puissent offrir aux mouvements populaires pour la liberté une chance de regagner l’initiative. Il faudra encore voir si les évènements du 6 janvier déclenchent un retour de bâton qui paralyse l’univers MAGA3 ou crée la base pour une massive fondation pour permettre au fascisme d’émerger, ou les deux. Mais notre capacité à répondre à la fois défensivement et offensivement dépend du fait de notre capacité à remettre en place des idées et des pratiques anarchistes fondamentales pour les mettre en application sur ce terrain politique émergent au lendemain de cet affaire du capitole.

Aujourd’hui est plus important que jamais pour les anarchistes d’être vocaux, les vrais anarchistes, ceux qui luttent pour un monde sans hiérarchie et sans domination et non pas les clowns du capitole agitant des drapeaux confédérés et arborant des badges “Fuck Antifa”. Nous devons défendre et étendre nos approches et visions du changement social, montrer ce qui les distingue fondamentalement à la fois de ces fascistes qui tentèrent un coup d’état et de ces politiciens qu’il tentèrent de bousculer. Nous devons clarifier que l’action directe n’est en rien l’apanage de l’extrême-droite, que Trump et ses mignons n’ont en rien le monopole de la critique électoraliste, que la protestation militante demeure au centre même de nos mouvements de libération et d’émancipation.


Action Directe

Que faut-il pour changer le monde ? Depuis bien longtemps les anarchistes ont insisté sur le fait que si on veut que les choses soient faites et bien faites, il faut prendre les affaires entre nos mains plutôt que d’attendre que des politiciens passent des lois ou que la police nous en donne la permission. Nous appelons cela l’Action Directe. Nous approuvons l’action directe non seulement parce qu’elle est efficace, mais aussi parce qu’elle est un moyen d’auto-détermination, un moyen de réaliser et de mettre en pratique nos propres désirs plutôt que ceux de leaders ou de représentants. Dans ce modèle chacun prend la responsabilité de la poursuite des objectifs tout en cherchant à cohabiter et coopérer avec les autres de manière égale et en respect de l’autonomie de chacun.

Mais comme nous l’avons constaté au capitole en ce 6 janvier, défier la loi et agir directement contre les politiciens peut servir d’autres fins également. Étendre la portée de tactiques permises pour concentrer le pouvoir dans les mains d’autorités au sommet de la hiérarchie a toujours été une caractéristique typique de la politique fasciste ce, des chemises noires de Mussolini à la Kristallnacht des nazis. Même lorsque cela implique de bafouer la loi, de mettre en pratique des ordres de marche de notre “leader bien-aimé” comme l’ont fait les drones du MAGA au capitole, n’est en rien de l’action directe anarchiste. Tout l’objectif de l’action directe anarchiste et de garder le pouvoir dans son horizontalité et d’éviter la structure pyramidale du pouvoir.

Dans le narratif qui émerge de Washington, les héros du 6 janvier sont les politiciens et les flics de garde, les mêmes personnes qui nous exploitent et nous brutalisent quotidiennement et dont le boulot est de nous empêcher de nous engager dans une véritable auto-détermination. Les salauds dans ce narratif sont ceux qui ont défié la loi, combattu la police et ont viré les politiciens de leurs sièges si confortables, pas parce qu’ils tentaient de maintenir Trump dans la fonction que la démocratie avait mis là en première instance, mais parce que cette fois-ci, ils le faisaient à l’encontre de la démocratie, de l’ordre et de la loi.

D’après cette logique, si Trump avait gagné les élections en recevant quelques milliers de voix supplémentaires, tout degré de tyrannie qu’il aurait pu introduire aurait été absolument légitime, aussi loin qu’il l’ait fait avec des moyens légaux.4

Si la version de cette histoire gagne du terrain, la réaction à la tentative de coup va devenir une profonde défaite pour tous ceux qui recherchent la libération, car c’est précisément cette séparation des fins de l’action politique d’avec leurs moyens qui caractérise à la fois les politiciens et les hordes insurgées de Trump.

La même force de police qui a brutalisé tout l’été pour étouffer le mouvement Black Lives Matter a emergé du 6 Janvier en tant que héros, du moins dans le récit propagé par les politiciens centristes.

Pour les politiciens, aucune action n’est légitime à moins qu’elle ne passe par le chemin approprié de leurs réseaux, suit leurs procédures et affirme leur pouvoir sur nous. La liberté et la démocratie affirment-ils, ne fonctionnent que si le reste d’entre nous nous contentons d’aller voter tous les quatre ans, puis de retourner à notre rôle de spectateurs passifs.

Ce qui est important n’est pas le résultat, que nous ayons accès à la sécurité sociale, que nous soyons capables de survivre au COVID19 ou que nous puissions nous protéger de la police raciste, pour ne donner que quelques exemples, mais que nous restions obéissants et laissions les mains libres à nos “représentants” dûment désignés (élus) et advienne que pourra.

Pour les supporteurs de Trump, les fins sont aussi séparées des moyens, mais de manière opposée. Leur but est de préserver le pouvoir autoritaire coercitif par tous les moyens possibles et de subjuguer et de punir tous ceux qui s’y opposent. En “défense” de cette fin sacrée, ils pensent que les gens sont justifiés de prendre les affaires dans leurs propres mains, sans regard sur ce que la police et les politiciens en disent.

Seuls les anarchistes insistent à la fois sur la liberté pour tous et l’unité des fins et des moyens. La liberté est futile si elle n’est pas pour tout le monde, sans exception ; et le seul moyen d’obtenir la liberté est… par la liberté. Quelques soient les réformes progressistes que Biden clame haut et fort qu’il mettra en place, nous sommes supposés de nous soumettre et d’obéir alors que nous les attendons, de déléguer encore et toujours notre pouvoir.

Une telle “liberté” ne peut être qu’une coquille vide, vulnérable au prochain revirement des sièges du pouvoir. Mais les moyens insurrectionnels des émeutiers du capitole, bien qu’habillées de la rhétorique de la liberté, ne peut que nous affaiblir toujours plus avant quand son but est de mettre en avant la suprématie blanche et de maintenir un tyran au pouvoir.

C’est pourquoi nous devons défendre l’action directe comme une voie du changement social plutôt que de laisser les groupies de la loi et de l’ordre nous réduire aux fins mortes du lobbying des députés et de mendier aux intermédiaires du pouvoir.

Rappelez-vous: si leur coup fébrile avait réussi, l’action directe aurait été a seule solution pour résister au gouvernement qu’ils auraient mis en place. En même temps, nous insistons sur le fait que la valeur de l’action directe réside dans la restauration du pouvoir là où il appartient, le distribuer à toutes et tous sur une base totalement décentralisée, plutôt que de le maintenir concentré dans les mains de quelques “leaders”.

De facon orwelienne, l’extrême droite a tenté d’approprier le language de la rébellion - dont le terme “orwellien” - pour servir leur projet d’étouffer la rébellion.

La critique de la politique électoraliste

En envahissant le capitole de D.C dans une furie encline à maintenir la règle autoritaire, les émeutiers de Trump ont fait une faveur au collège électoral. Les critiques à travers tout le spectre politique ont critiqué ce système des plus bizarroïdes, même les plus fervents loyalistes à la votation ont émis des critiques à son encontre et ses faiblesses. Pourtant soudainement, malgré le fait qu’il fut créé explicitement comme un coin pour disjoindre la souveraineté populaire, l’incursion du 6 janvier l’a transformé en un symbole sanctifié de la volonté populaire, réunifiant le pays derrière sa procédure des plus archaïques.

Plus important, cela a intensifié un phénomène que la campagne de Trump de plusieurs mois contre la validité de l’élection, a catalysé : la défense incriticable de la démocratie électorale américaine comme le seul garant, la seule digue contre le fascisme.. L’hostilité fascisante de Trump a été du pain béni pour les défenseurs du statu quo (oligarchique), dirigeant la peur pour renforcer un système qui avait perdu sa légitimité au fil du temps aux yeux du public et en associant toute critique de la démocratie américaine avec des ambitions autoritaires.

Dans la rhétorique solennelle des politiciens qui furent chassés de leurs burlingues feutrés, la seule alternative au fascisme ou à la loi de la foule est leur modèle de démocratie. Mais ce système électoral majoritaire centralisé du “vainqueur prend tout” a enfanté une désillusion populaire très étendue, tout en propageant l’idée qu’il est parfaitement légitime d’employer une coercition systématique pour gouverner ses adversaires politiques. Pris ensemble, ces effets rendent plus enjolivées les approches autoritaires dangereuses en période de crise, spécifiquement aux mains d’un leader charismatique qui glorifie le pouvoir tout en se présentant lui-même comme une victime, un outsider et un superman en même temps.

Un des coups de génie de Trump fut de façonner un langage qui déploie le ressentiment populaire contre Washington, le “marécage”, le pouvoir fédéral, les élites pour étendre cet élitisme et ce pouvoir tout en le concentrant en ses seules mains. Voilà comment il a réussi à inciter une bande de “révolutionnaires” auto-proclamés, à tenter un coup de jarnac pour renforcer ce même état qu’ils défiaient.

Trump a récupéré le ressentiment et l’aliénation que la démocratie [parlementaire] a généré pour mener une rébellion contre la démocratie au nom de la défendre ; une rébellion qui, si elle avait réussi, n’aurait fait qu’exacerber les pires choses de la démocratie. Beaucoup de libéraux se grattent la tête devant les masses soutenant Trump, trompées, qui continuent à insister sur le fait, sans aucune preuve, que l’élection fut “volée” et que quelque part, Trump devait l’avoir gagnée.

Trump a capitalisé sur la désillusion générale envers la démocratie representative [parlementaire] pour promouvoir quelque chose d’encore plus autoritaire.

Alors que la mécanique précise du comment cela a pu se produire varie d’une théorie conspi à une autre, il est plus utile de regarder au-delà des théories, dans le contexte émotionnel de ces élections et de ses conséquences politiques.

Près de 75 millions de personnes ont voté pour Trump. Dans le système tout-au-vainqueur de la démocratie américaine, comme ces votes ne furent pas distribués pour capturer une majorité du Collège Electoral, elles eurent un impact zéro sur le résultat. Après avoir été fouettés dans une sorte de transe par la rhétorique démagogique et encouragés de croire que voter pour Trump était la seule chose qu’ils pouvaient faire pour préserver leur liberté, ces votards se retrouvaient soudainement confrontés par des médias qui leur disaient que leurs votes comptaient pour du beurre.

Face à ce résultat et encouragés par Trump et autres acteurs de la suprématie blanche et/ou du dogmatisme chrétien à ressentir qu’ils étaient les seuls méritant le pouvoir, il n’est pas surprenant que bon nombre choisirent d’embrasser le narratif dramatique voulant que les méchants libéraux avaient volé les élections.

Bien entendu, le rêve est devenu un cauchemar. Qu’ils aient été piétinés par leurs camarades de foule MAGA, flingués ou battus par la police, virés de leurs boulots ou arrêtés pour crime fédéral, ou simplement qu’ils soient retournés chez eux avec l’étiquette de traîtres séditieux apposée par le reste du monde, leurs efforts de se venger pour le profond sentiment de vacuité politique électorale en empêchant les autres de régner, a échoué, pour l’instant. Mais si le centre politique pense que cela veut dire que la démocratie [parlementaire] est sauvée, il se met le doigt dans l’œil.

Si vous aviez cru ce narratif, alors vous aussi auriez pu venir à Washington, rêvant de prendre part à ce drame de roman de gare, imaginant une histoire dans laquelle vos actions n’auraient pas été limitées à futilement voter et où vous auriez pu vous mettre en danger afin de faire valser ces élites corrompues des arcanes du pouvoirs et vous propulsez dans le millénaire.

La leçon ici n’est pas simplement que la démagogie menace la “démocratie”, c’est celle-ci qui a octroyé à Trump la démagogie en première instance. C’est plutôt que cette démocratie croule sous ses propres contradictions, son propre échec à fournir la capacité de pouvoir et d’auto-détermination qu’elle promet. Les libéraux prétentieux pourront condamner l’ignorance des suiveurs de Trump qui chargent les machines électroniques de vote comme les moulins à vent et éructent les absurdités des réseaux conspirationnistes QAnon ; mais ils oublient de voir que les griefs exprimés par les supporteurs de Trump sont causés par de véritables problèmes, même si leur réponse est mal dirigée.

Tandis que ceux qui refusent la victoire de Biden emploient la rhétorique de la trahison de la démocratie, il serait plus précis de dire qu’en fait leur démocratie les a trahis et en un sens ils ont raison à ce sujet.

Quel type de système présente le vote, l’élection de représentants comme l’expression suprême de la participation politique, le décrivant comme notre seule et sacro-sainte “voix” politique, allez expliquer aux 75 millions de votards que leurs votes n’a servi à rien, qu’ils doivent accepter et retourner dans la passivité pour les 4 prochaines années, obéissant aux diktats d’un régime auquel ils s’opposent et n’ont eu aucune responsabilité à choisir ? Un système démocratique ?

C’est dans ce contexte que nous devons voir le refus de la victoire de Biden. Les marques clefs de la politique fascisante incluent la mobilisation populaire, l’investissement émotionnel des masses avec l’État et la sanctification de la politique. La machine Trump a superbement produit tout ça, générant un grand nombre de votards et une intense réaction de refus catégorique lorsqu’ils ont perdu. Pourtant ceci ne pourrait pas avoir un impact si puissant si ce n’était pour le sentiment de désillusion déjà existant entre les douces promesses de la démocratie comparées avec la réalité du spectacle électoral aliénant.

Nous le voyons dans ce dédain populaire pour Washington, l’isolation de l’endroit de la vie de tous les jours et des préoccupations des gens ordinaires et son air d’irresponsabilité et de corruption.

Les évenements du 6 Janvier éclairent notre caricature d’une lumière encore plus sinistre.

Bien des choses ici résonnent avec la sensibilité d’un anarchiste. La différence est que nous menons cette frustration à sa conclusion logique en regardant à la racine de la cause. Le problème bien entendu, est le système lui-même, cette façon d’organiser la société et de prendre des décisions qui limitent notre participation à de futiles rituels de délégation de pouvoir à des icônes distantes tout en nous forçant d’accepter les décisions prises sans notre consentement aucun et qui nous sont imposées depuis le haut.

Au mieux, nous pouvons choisir qui manie le pouvoir coercitif sur les autres, mas on ne peut jamais y échapper nous-mêmes. Lorsque cette hiérarchie aliénante de la sphère politique est reprise en copie carbone dans les autres sphères de nos vies, au travail, à l’école et dans bien d’autres contextes de la vie quotidienne où quelqu’un d’autre prend des décisions, ce n’est pas étonnant que les gens se sentent impuissants et vindicatifs. Sans une bonne analyse du comment ce pouvoir opère, ils peuvent déplacer cette vindicte sur des gens qui ne sont pas de fait responsables de leur aliénation, s’aligner avec des bénéficiaires du système contre ceux qui sont dans une situation encore pires que la leur.

Contrairement au centre politique et la gauche bobo à l’américaine qui insistent sur la légitimité des résultats de l’élection et de l’extrême-droite qui insiste qu’elle a été volée, les anarchistes clament haut et fort que toute élection est un vol ! Les représentants politiques volent notre agence, notre capacité décisionnaire collaborative et de déterminer nos propres vies directement, sans intermédiaires. Le problème des élections de 2020 n’est pas que Trump aurait du gagner à la place de Biden, ce qui aurait mené à encore plus de gens ayant le sentiment d’impuissance et opprimés ; le problème est que : peu importe quel politicien gagne ces élections, nous perdons toutes et tous !

Alors que les 81 millions de votards qui ont voté pour Biden ont émergé de l’élection avec un grand sentiment de satisfaction ou au moins le sentiment que leur vote a servi à quelque chose, ils n’ont en fait absolument aucun contrôle sur ce que Biden va faire dès à présent avec ce pouvoir et bien peu de moyens de le rendre responsable s’il manie le pouvoir contrairement à leurs attentes. Quant aux 77 millions qui ont voté pour quelqu’un d’autre, sans mentionner même les 175 millions qui n’ont pas voté ou qui ne purent pas voter, la vraie majorité de ce système.5 Comme à chaque fois dans le système électoral américain, ils n’ont pas la consolation d’être dans “l’équipe gagnante”. Rien d’étonnant que tout cela laisse les gens cyniques et aliénés, devenant friands d’explications conspirationnistes, aussi farfelues qu’elles puissent être…

Les anarchistes proposent que nous n’avons besoin ni des fausses promesses de la démocratie parlementaire ni des fausses suggestions de théories conspi diverses pour organiser nos propres vies. Nous rejetons la légitimité de tout système, parlementaire ou autre, qui nous aliène de notre capacité partagée à l’auto-détermination et la coordination collective.

Ce dont nous avons besoin est plutôt une auto-organisation collective partant de la base, une solidarité et une défense mutuelle ainsi que d’une compréhension partagée de ce que nous avons tous à gagner d’une coexistence pacifique au lieu de lutter pour une quelconque suprématie.

Comme nous en avions discuté autour des élections, si Trump avait été élu en accord avec le protocole et certifié estampillé par le collège électoral, ceci n’aurait pas été plus éthique d’accepter la légitimité de cette règle. Il n’y a aucun processus démocratique qui pourrait justifier la déportation de masse, l’incarcération de masse, le nombre de morts du COVID19, les évictions de masse, les gens sans logis, sans abris, la faim, la dévastation écologique ou toute autre conséquence de l’autorité de Trump. Ces choses sont mauvaises, non pas parce qu’elles sont “non-démocratiques”, mais parce qu’elles sont incompatibles avec une société libre, juste et égalitaire.

Même ou spécifiquement, si c’est impopulaire après ces élections contestées, nous devons articuler ces critiques et démontrer les formes alternatives d’auto-détermination populaire. Nous pouvons les mettre en pratique de manières innombrables dans nos vies quotidiennes sans avoir nécessairement besoin d’envahir le capitole. Nous pouvons participer à des prises de décisions chez nous, dans nos voisinages, nos lieux de travail, nos écoles et nos mouvements sociaux. Nous pouvons organiser des projets d’entraide, des assemblées de voisinages et autres rassemblements comme des espaces de rencontre pour forger des relations les uns avec les autres en dehors du modèle antagoniste des partis politiques.

Nous pouvons être inspirés des expériences radicales se produisant dans le monde, qui organisent le pouvoir depuis la base de la société, des Caracoles du territoire autonome zapatiste au système des conseils du Rojava. Nous pouvons affaiblir l’autorité des patrons, des gérants et des politiciens qui affirment parler en notre nom, en défiant leurs ordres et en nous organisant pour satisfaire nos besoins sans eux, ou du moins nous organiser pour résister à leurs efforts de nous empêcher d’essayer de le faire.

Dans un moment où la totalité de ce qui passe en Amérique pour la “gauche” semble n’avoir pas d’autre programme visionnaire que celui de défendre le système électoral en place, les anarchistes ont la responsabilité de montrer au plus grand nombre que le roi est nu, d’affirmer toutes les bonnes raisons du pourquoi ce processus électoral ne devrait en rien être adoré comme l’expression la plus haute de la liberté et de la responsabilité politique. Si nous échouons en cela, cela laissera la seule extrême droite capable d’articuler les problèmes du système courant, tout comme elle a réussi à se positionner comme la critique principale des médias de masse entrepreneuriaux.

Ceci serait un énorme avantage pour elle et une opportunité manquée bien coûteuse pour nous.

La “révolution” qu’ont en tête ces patriotes auto-proclamés est à l’opposé du monde libre que nous voulons créer. Là où les anarchistes proposent coexistence et respect mutuel au delà des lignes de différences, ils ne pensent qu’à utiliser la force pour dominer le reste des gens. Pour toute leur rhétorique du “Don’t Tread on me“,6 les évènements du 6 janvier montrent bien leur volonté de piétiner, littéralement et figurativement, sur les corps et les libertés de quiconque se trouve sur leur chemin, même leurs alliés. Les anarchistes par contraste, se font les portes-parole de l’égalité raciale, de l’entraide et de l’organisation horizontale depuis la base de la société comme antidote à la mixture toxique de la suprématie blanche, de l’individualisme hyper-capitaliste (libertarien, ultra-libéral) et l’autoritarisme forcené que prône et personnalise la foule aux casquettes rouges MAGA.

Même si certains supporteurs de Trump répondent à de vraies frustrations de cette démocratie américaine, nous devons faire la distinction de leur confusion et de nos critiques. Comme toute rhétorique binaire, la supposée opposition absolue entre la “liberté” autoritaire des hordes de Trump et la “démocratie” aliénée du Congrès qu’ils ont envahi se désintègre quand on l’examine de plus près. Là où nous visons à décentraliser le pouvoir de façon à ce qu’aucune majorité ni aucune minorité ne puissent nous imposer quoi que ce soit par la force coercitive, ceux qui ont envahi le capitole veulent le centraliser dans leur pouvoir exécutif préféré plutôt que dans la législature laxe.

Il est donc bien critique de nous distancier à la fois des “défenseurs centristes de la démocratie” et de ceux qui l’attaquent depuis la droite, nous affirmons que ni des caïds fascistes ni des élites élues de Washington ne méritent de décider de nos vies.

While pundits lament the partisan divide, there’s always one issue that unites all politicians, both Democrats and Republicans: they agree that they should be the ones making decisions for us. This is what brought Nancy Pelosi and Mitch McConnell together so swiftly on January 6. If Trump and Biden supporters joined the actual majority—the ones who cast no ballot last year—and decided that together we could make decisions better than representatives in Washington, we could remake society from the bottom up.Alors que les experts se lamentent de la division partisane, il y a toujours une chose qui réunit tous les politiciens, démocrates comme républicains : ils sont tous et toutes d’accord pour dire péremptoirement que ce sont eux qui doivent décider pour nous. Voilà ce qui a réunit Nancy Pelosi (D.) et Mitch McConnell (R.) très très rapidement en ce 6 janvier. Si les supporteurs de Trump et Biden rejoignaient la majorité de fait, c’est à dire les quelques 60% de gens qui n’ont pas voté en novembre dernier et décidaient qu’ensemble nous pourrions prendre de bien meilleures décisions que tous les clowns de Washington, alors nous pourrions réorganiser la société depuis sa véritable base.

Ceux qui occupent le bâtiment du Capitole et ceux qui l’ont prit d’assaut ont au moins ceci en commun: les deux désirent régner sur nous.

Manifestation militante

Après les émeutes du 6 janvier, Joe Biden rejoignit bien des commentateurs en faisant remarquer le profond contraste entre la répression militarisée qui se produisit lors des évènements BLM de l’été dernier et la bienveillance montrée par les policiers qui laissèrent envahir le capitole par une foule armée. D’une perspective de la gogoche libérale, cela illustre comment le phénomène de race plus qu’une préoccupation pour la loi et l’ordre, façonne la réponse policière à une manifestation ; d’un point de vue radical, cela ne fait que montrer à quel point le suprématisme blanc fait partie intégrante de la loi et de l’ordre.

Mais l’agenda que poursuivait Biden lorsqu’il fit cette remarque comparative mit en lumière comment ces manifestations de l’an dernier sont stratégiquement rappelées à mauvais escient pour recadrer quels types de tactiques de manifestation seront publiquement affirmés être légitimes dans les années à venir.

En contrastant les manifestations de BLM pour une justice dans l’affaire George Floyd avec l’invasion du capitole, la plupart des médias libéraux estampillent la révolte anti-police comme étant “pacifique” ou “essentiellement pacifique” tout en estampillant les hordes de Trump comme “violentes”. Avons-nous oublié qu’un des moments catalytiques de 2020 se produisit lorsque des rebelles capturèrent et brûlèrent le bâtiment du 3ème district de police de Minneapolis ?

Avons-nous oublié le pillage qui éclata de New York à Los Angeles en passant par Philadelphie ? Avons-nous oublié les mois de combats de nuit avec la police et la police fédérale à Portland, Oregon ? Les médias conservateurs quant à eux ne l’ont certainement pas oublié, même s’ils choisissent leur estampillage de la même manière quand ils essaient d’étiqueter les émeutiers pro-Trump comme les vraies victimes.

Ceci n’est que la dernière tendance en date de définir des actions de groupes comme “violentes” ou “non violentes” en accord avec l’impression que veut donner le présentateur et cadrer ces évènements comme légitimes ou illégitimes.

Obama avait notoirement félicité la révolution égyptienne, une révolte de masse dans laquelle des centaines de commissariats de police furent incendiés durant quelques semaines de violents combats, comme “la force morale de la non-violence qui fit plier l’arc de l’histoire une fois de plus vers la justice.” Il utilisa cette rhétorique afin de reconnaître la légitimité du résultat, le reversement d’un dictateur (soutenu par les Etats-Unis), sans reconnaître l’efficacité ni même l’existence d’approches de changement social qui excédèrent les limites de la “non violence”.

Nous avons déjà vu cette sorte d’amnésie sélective et de double langage en regard de la rébellion pour obtenir justice pour George Floyd. La gogoche fait le portrait les actions de l’été dernier comme légitimes en insistant sur le fait qu’elles étaient non violentes. Ce sont des stratégies en concurrence pour maintenir les gens pacifiés et pour caler la menace du changement révolutionnaire.

Alors que la stratégie de l’extrême droite fait la promotion de la répression agressive en montrant les images de violence pour justifier une mise au pas policière interne. Les buts sont les mêmes : tous deux cherchent à maintenir les gens en ligne et sous contrôle, protéger les riches et les puissants contre les vraies menaces à leur pouvoir.

Si les révoltes anti-police de 2020 furent légitimes, ce n’est pas parce qu’elles étaient non-violentes ; elles l’étaient parce qu’elles répondaient à des menaces et un danger immédiats sur la vie de gens et de communautés. Elles étaient légitimes parce qu’elles ont mobilisé des millions de gens pour repousser le racisme et la brutalité, étendant la conscience publique sur la suprématie blanche, son idéologie et ramenèrent l’équilibre de pouvoir aux Etats-Unis.

Il fut stratégique que quelques unes des manifestations demeurèrent non confrontationnelles, spécialement dans les endroits où les forces alignées contre elles auraient facilement les malmener et les brutaliser ; tout comme il fut stratégique que certaines manifs furent confrontationnelles spécifiquement où cela donna du pouvoir aux participants et repoussa la police tout en envoyant un puissant message de résistance qui résonna à travers le monde.

Donc ceux qui envahirent la capitole ne devraient pas être condamnés simplement pour leur “violence”. Nous ne voulons certes pas vivre dans une société gouvernée par la force coercitive ; ni la force des preneurs du capitole ni celle de la police anti-émeute qui les ont repoussé, ne doivent modeler le monde que nous voulons créer. Ce qui est significatif dans ces évènements du 6 janvier n’est pas la violence entreprise par les émeutiers dans la poursuite de leur message ou celui de la police en réponse, mais la grande souffrance qui aurait résulté s’ils avaient réussi.

Les supporteurs de Trump méritent d’être fustigés parce qu’ils essayèrent d’aider un tyran à se maintenir au pouvoir afin de préserver une administration et un gouvernement qui inflige la misère à des millions de personnes vulnérables et opprimées. Le problème ne fut pas que les envahisseurs adoptèrent des tactiques militantes, mais qu’ils le firent afin d’intimider et de dominer.

Dans la mesure où Biden va gouverner par les mêmes moyens et préserver un grand nombre des mêmes politiques, il sera nécessaire de lui résister, à lui, son gouvernement ainsi qu’aux fascistes qui le menacent.

Ni la brutalité de ceux qui ont prit le Capitole d’assaut ni celle de ceux qui désirent établir un État policier représentent le monde que nous voulons créer.

En tant qu’anarchistes, nous avons toujours insisté sur la valeur d’une diversité de tactiques et sur l’importance de faire plus que de demander poliment aux puissants de faire des concessions. Dans l’après 6 janvier, nous pouvons nous attendre de voir les politiciens et “experts” de tout poil faire glisser le point de focale de l’agenda de ceux qui envahirent le capitole vers les tactiques qu’ils utilisèrent et qui excédèrent les limites de la loi et de l’ordre [étatique].

Un exemple crâne et hypocrite de ceci se produisit juste quelques heures après l’incursion au capitole, lorsque le gouverneur de Floride et loyal à Trump Ron DeSantis utilisa ce qui venait de se produire au capitole comme excuse pour raviver sa poussée pour des lois anti-manifestations des plus draconiennes dans le pays. Ceci fait écho à l’effort notoire de Trump de faire une fausse équivalence entre les assassins fascistes de Charlottesville et les anti-fascistes qui ne faisaient que se défendre contre eux, ou le glissement du Southern Poverty Law Center de cibler les groupes de haine pour se focaliser sur “l’extrémisme”, une catégorie qui inclut les mouvements militants de libération bien entendu.

Face à de telles manœuvres, nous devrions rediriger le point de focale sur ce pour quoi nous nous battons et sur ce ce qu’il faudra faire pour y parvenir. Nous pouvons défier l’amnésie libérale bobo sur les évènements de l’été dernier en faisant remarquer que l’unique raison pour laquelle le nom de George Floyd est connu, par contraste aux milliers d’autres que la police a tué, c’est parce que de courageux rebelles de Minneapolis n’ont payé aucune attention aux limites entre la violence et la non violence.

Nous pouvons aussi faire remarquer que pour toute l’invective au sujet de la violence supposée des “terroristes anti-fascistes” et des émeutiers de BLM, la foule aux casquettes rouges MAGA a tué plus de flic en une après-midi que tout la violence du mouvement anti-police et anti-suprématie blanche ne l’a fait en 2020. Nous pouvons en référer à l’histoire révolutionnaire et à des exemples de luttes similaires dans le monde pour montrer que les tactiques militantes sont nécessaires pour accomplir des changements durables et pour nous défendre contre une extrême droite motivée qui n’a aucun scrupule à faire usage de la force et de la violence.

Finalement, nous pouvons organiser nos communautés pour descendre dans la rue en défi de quelques efforts que ce soit intentés par les politiciens pour museler la protestation en réponse aux évènements du 6 janvier, insistant que le fascisme ne peut-être vaincu que par une auto-organisation de la base sociale. Renforcer l’État ne va pas nous protéger du fascisme, cela ne fait qu’aiguiser une arme qui, tôt ou tard, tombera dans les mains des fascistes.

De Charlottesville à Berkeley, les anarchistes et anti-fascistes on joué un rôle essentiel en empêchant la montée de l’extrême droite en usant des tactiques militantes. Dur de savoir de combien ils seraient devenus plus forts sans ces efforts pour interférer dans leur recrutement.

Faire face

Après ce 6 janvier, nous devons debunker les campagnes de diffamation qui font le portrait des supporteurs de Trump comme étant des anarchistes, réfuter les efforts de délégitimiser nos idées et nos tactiques en les associant à celles de nos ennemis, et nous préparer pour la répression qui pourrait bien nous ramasser en même temps qu’eux. Le travail nous est tout préparé.

Mais nous avons aussi bien des avantages. Cette année passée, des millions de personnes ont vu comment l’action directe peut-être puissante et comment des manifestations militantes peuvent être organisées. Elles peuvent catalyser des millions de gens à agir, ce qui induira de profonds changements durables. Nous savons que nos critiques de la démocratie électorale [parlementaire] parlent à une aliénation profondément ressentie dans cette société.

Pour les anarchistes, la révolution [sociale] n’est pas centrée sur la prise de citadelles symboliques, mais de réorganiser la société depuis sa base, ainsi, même si le capitole est occupé, ses occupants ne pourront en rien nous imposer leur volonté. En fin de compte, ceci est la seule véritable défense efficace contre des aspirants caïds de l’accabi de Trump et des foules qui ont tenté de saisir le pouvoir pour lui. La politique électorale peut juste les amener au pouvoir et les démettre ; les lois et la police mettre en pratique leur saisie du pouvoir tout comme les renverser. La résistance horizontale de la base de la société anti-étatique et non hiérarchique est la seule chose qui peut sécuriser notre liberté une fois pour toute.

Maintenant plus que jamais.

Further Reading

  1. NdT: rouge ou brun. 

  2. NdT: notons au passage ici qu’il est fait distinction des deux… à juste titre… 

  3. NdT: acronyme du slogan trumpiste: Make America Great Again ou MAGA. 

  4. NdT: comme le fera le guignol de remplacement… 

  5. NdT: quelques 60% en fait… 

  6. NdT: slogan de la droite patriote yankee, proche du mouvement du “Tea Party”, symbolisé par un serpent à sonnette noir sur fond jaune avec la phrase sus-mentionnée qui dans ce contexte pourrait se traduire par “Ne ne marchez pas dessus” donc “Venez pas m’emmerder”…